Pourquoi ce festival lesbien et féministe est-il 100% réservé aux femmes?

Quatre jours de films, courts-métrages et performances dédiés aux lesbiennes et au féminisme ? C’est la promesse du 29ème festival international du film lesbien et féministe de Paris, qui aura lieu dans la capitale française du 2 au 5 novembre prochain.

Derrière cette initiative, on retrouve l’association Cineffable, dont l’objectif est de mettre sur le devant de la scène des films réalisés par des femmes à l’occasion d’un festival “100% réservé aux femmes”. Du jamais-vu dans les salles de cinéma classiques rendu possible grâce à un groupe d’une soixantaine de femmes, toutes bénévoles.

Pour sa soirée d’ouverture, jeudi 2 novembre dès 18h45, le public pourra découvrir le documentaire Ovarian Psycos, réalisé par Kate Trumbull-LaVallee et Joanna Sokolowski. Cette production cinématographique suit le parcours en deux roues (de vélo) d’une brigade de femmes latinas à travers Los Angeles. Dans cet espace dominé par une culture blanche, masculine et motorisée, ces rideuses d’un autre genre se battent pour se réapproprier la rue et leurs droits.

Une œuvre qui s’annonce aussi passionnante que la cinquantaine programmée durant ces quatre jours de festivités, racontés à Girls par Carole et Oksana, deux bénévoles qui font partie de l’équipe organisatrice du festival.

Interview RTL Girls

http://www.rtl.fr/girls/identites/pourquoi-ce-festival-lesbien-et-feministe-est-il-100-reserve-aux-femmes-7790763200

Girls : Pourquoi, en 2017, pensez-vous que l’on a encore besoin d’un festival dédié au film lesbien et féministe ?
Carole : C’est encore aujourd’hui nécessaire car les femmes disposent d’un réseau moins important que celui des hommes et leurs projets sont moins aboutis, faute de financements. Pour le festival, on programme des films qui ne sont pas sortis en France au cinéma ou en DVD tout en espérant qu’avec cette programmation, ils vont être par la suite distribués.
Oksana : L’objectif, c’est aussi de mettre en avant les sujets sur lesquels ces femmes travaillent – militants et féministes – et que les producteurs ne mettent pas en avant parce qu’ils sont peut-être moins “vendeurs”.
Carole : C’est toujours la problématique du plafond de verre, ce n’est pas facile pour les femmes de trouver des financements. C’est pour cela que l’on fait venir les réalisatrices et productrices lors des projections et des tables rondes : elles peuvent se rencontrer et créer un réseau.

La programmation est riche, internationale et couvre de nombreux sujets, preuve que ce type de cinéma est on ne peut plus présent et d’actualité. Pourquoi ces films sont-encore si confidentiels dans les salles de cinéma classiques, selon vous ?
Oksana : Quelques films ou des documentaires finissent par arriver dans les salles mais c’est rarissime, d’autres sortent en DVD mais dans un milieu confidentiel grâce à des éditeurs assez spécialisés.
Carole : Les raisons sont celles que l’on a évoquées plus haut et que l’on peut retrouver dans le monde de l’entreprise. Les distributeurs avec qui on est en contact sont LGBTQI+ ou féministes, ils sont déjà dans cette démarche engagée. On ne sait pas pourquoi les majors ne s’y mettent pas mais à mon avis, ce sont probablement des volontés commerciales.

Ovarien Psycos est un documentaire coup-de-poing
Oskana, bénévole au festival international du film lesbien & féministe de Paris Partager la citation
Vous ouvrez la soirée avec le documentaire Ovarien Psycos, pourquoi ce choix ?
Oksana : C’est un documentaire coup-de-poing qui reprend en partie les valeurs de Cineffable. Quand on l’a vu on était très enthousiasme par ces femmes qui reprenaient la rue, on a senti qu’il pouvait parler à notre public car il expose des problèmes liés à la conditions de la femme en minorité, particulièrement aux États-Unis mais pas que. Enfin, il aborde des questions primordiales qui répondent à nos objectifs premiers : mettre en avant le travail des femmes, le droits des femmes et le pouvoir des femmes.

On parle de plus en plus du manque de représentation des réalisateurs et acteurs noirs sur grand écran, notamment en période de remises de statuettes, mais on parle finalement peu du manque de représentation de la communauté LGBTQI+… Pour quelles raisons selon vous ?
Carole : Je pense que cela vient de la création de nombreux festivals spécifiquement LGBTQI+ à travers le monde dans lesquels on va piocher des films pour notre programmation et inversement. Peut-être qu’il faut d’abord qu’il y ait une lutte à travers la communauté. Il faut pouvoir s’assurer de ses racines avant d’aller les défendre dans le cinéma mainstream.

Quelques films moins confidentiels que ceux que vous proposez ont mis sur le devant de la scène des femmes lesbiennes (La Vie d’Adèle, La Belle saison, Embrasse-moi !) Quel regard portez-vous sur ce cinéma ?
Carole : On porte un regard bienveillant. C’est bien de diffuser de plus en plus d’images de lesbiennes en salles comme à la télévision. Il y a 29 ans, c’était extrêmement difficile de trouver des représentations de lesbiennes. Aujourd’hui, on a une production de séries télé et de web séries conséquente et accessible sur Internet. Avec le festival, on essaie alors de créer autre chose : montrer la diversité de la culture lesbienne à travers tous les arts et créer du lien social entre toutes les festivalières grâce à la mise en place d’un espace convivial.

Le 29ème festival international du film lesbien et féministe de Paris aura lieu du 2 au 5 novembre prochain. Pour accéder aux projections, il est indispensable d’adhérer à l’association Cineffable (2 à 10 euros selon les tarifs).

Le festival est accessible à “toutes les personnes se définissant comme femmes afin de créer un espace sûr pour elles”. D’autres projections, hors les murs, sont organisées toute l’année et ouvertes à tous et à toutes.

 

 

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